Larsen ancien rappeur du 93 est sorti du silence via une lettre ouverte publiée sur le web.
Larsen, c’est un mélange d’arrogance et de conscience, c’est comme çà que Lahcen, de son vrai prénom, jeune rappeur de Tremblay en France définissait son rap, des incohérences du microcosme rap/rue, aux inégalités sociales, la religion, la mort, etc…
Voici la lettre de Larsen mise en ligne sur le site toutpourlemusulman.over-blog.com :
Assalamou aleykoum wa rahmatoullah wa barakatouhou,
Bismillahi ar Rahman Ar Rahim,
Qu’Allah me donne la sincérité (al ikhlass) dans cet écrit.
Tout d’abord je demande pardon à Allah pour ces dernières années passées dans l’ignorance et le pêché que j’ai commis sans pudeur et à la vue du public : la musique.
Qu’Allah me pardonne mes mauvaises paroles. Et je demande pardon à Allah si certains se sont égarés par ma faute à travers ma musique, mes textes ou tout autre acte qui les aurait conduit vers l’illicite!
Voici bientôt 3 ans que je ne fais plus parler de moi par choix et pour me rapprocher du Seul digne d’adoration : Allah le Très-Haut. J’ai découvert le but de l’existence de chaque être humain : Adorer Allah.
Après de grandes épreuves mais surtout après m’être repenti sincèrement auprès d’Allah (biidhnillah), je tiens aujourd’hui à m’exprimer publiquement sur le reportage du 29 mars 2010 diffusé sur TF1 qui a particulièrement marqué l’actualité.
L’histoire commence il y a quelques années, j’avais pris l’engagement de combattre les inégalités présentes dans nos quartiers et d’œuvrer pour les dénoncer. Ma pseudo-notoriété m’a alors projeté sur le devant de la scène : les scènes musicales et politico-médiatiques.
Insouciant et soucieux d’aider ma communauté j’ai été la victime d’un engrenage politique et médiatique que je n’ai pu soupçonner : j’ai été trahi par ceux que je dérangeais.
Quelque mois avant la diffusion du reportage en question, un employé municipal de la ville de Tremblay-en-France (93) m’a sollicité pour faire un reportage sur ce qu’il se passait dans nos quartiers. J’ai dans un premier temps refusé, méfiant des médias qui manipulent régulièrement les images et propos pour promouvoir leurs idéaux. Je préférais m’exprimer en direct pour éviter tout imbroglio.
Mais cette personne m’a de nouveau sollicité et m’a convaincu de participer à ce reportage y voyant une opportunité pour moi de faire connaître ma société : Hall net citoyens.
Cette société avait pour but d’embaucher des jeunes se trouvant dans la délinquance et l’errance afin qu’ils participent à la rénovation de halls ou appartements au sein même de leur quartier.
Nous avions comme partenaire les bailleurs sociaux qui semblaient réceptifs à notre initiative, mais la réalité était toute autre.
J’ai donc accepté de prendre une part active à ce reportage avec la double ambition de continuer à aider les jeunes défavorisés mais aussi de permettre à ma société de se développer. Je n’ai jamais perdu de vue mes objectifs : ceux de dénoncer les maux de nos quartiers et de venir en aide aux minorités.
Le reportage a donc eu lieu. On m’y voit présentant le quartier, exposant les difficultés d’y vivre mais aussi les moyens de s’en sortir. L’idée était bien de présenter les maux et les remèdes, d’éveiller les consciences sur la vie dans les banlieues populaires. J’y ai cru, j’y ai même rêvé, mais la réalité m’a vite rattrapé. Le reportage une fois monté et diffusé présentait l’organisation de la vente de stupéfiants au sein de la cité. J’ai été trompé par ceux dont je pensais pouvoir me servir pour aider.
Le matin de la diffusion du reportage un homme était interpelé pour trafic de stupéfiant. Très vite, Larsen, le rappeur est devenu la balance, celui qui avait donné son frère pour quelques billets.
Je jure par Allah que je n’ai jamais perçu le moindre centime à la suite de ce reportage et je jure une nouvelle fois par le Très-Haut que je n’ai dénoncé personne.
Mon erreur : avoir été naïf.
Depuis ce reportage, il se répète que j’ai « balancé ». Mais je vous demande aujourd’hui quelques minutes de réflexion.
J’étais un rappeur connu pour rester proche des jeunes de banlieue, je cultivais ce que j’appellerais la « street crédibilité », au-delà de la sincérité de toujours avoir voulu rester proche de mes « origines » c’était aussi mon fonds de commerce, ma carrière reposait entièrement sur cette crédibilité, alors pourquoi aurais-je pris des risques en me collant une étiquette de balance qui aurait fait que je perde mon public… et l’argent que je gagnais ? Qui est assez fou ? C’est un acte suicidaire.
Larsen, le rappeur proche de la jeunesse, gênait. Nous gênions : notre engagement politique dérangeait. Nous dénoncions trop les trafics politico-médiatiques. Alors oui il fallait me faire taire.
J’ai dû crier trop fort pour leurs oreilles d’égarés si bien qu’ils ont voulu me faire taire pour ne pas succomber.
Je voulais dénoncer la misère de nos quartiers, expliquer que l’on pouvait s’en tirer. Eux voulaient continuer à exploiter le malheur, s’enrichir sur notre pauvreté. Il y avait alors un conflit d’intérêt à peine dissimulé.
J’ai fait une erreur, celle d’avoir cru en des gens peu scrupuleux, qui pensaient essentiellement à leur électorat, à leur carrière. Je dénonçais avec virulence et hargne l’immobilisme de la mairie de Tremblay-en-France (93) à l’égard de la jeunesse de nos quartiers, que j’aimais. Comment aurais-je pu « balancer » ceux que j’aimais ? Ceux qui étaient les plus proches de moi ? Mes petits frères et mes petites sœurs en qui je me voyais, comment aurais-je eu l’audace de leur faire du tort ?
A qui profite le crime ? On m’a réduit au silence et les choses ont-elles évoluées ? Qui a depuis œuvré pour la jeunesse de nos quartiers ? La mairie de Tremblay ? TF1 ?
Allah est juste et la vérité se saura inchaALLAH.
On a ensuite endoctriné la jeunesse qui m’écoutait, une partie de mon public s’est détournée en calomniant sur ma crédibilité. Je loue Allah que mon public ait cessé de m’écouter car certes j’étais loin de la vérité.
Personne n’a plus alors remarqué les actions que nous avions menées pour la jeunesse déshéritée, j’étais devenu le traitre, la balance… Mes amis proches se sont détournés de moi, mes connaissances m’ont montré du doigt. Personne n’a plus alors valorisé mes actions auprès de la jeunesse. Nourrir le fantasme de la rumeur était devenu tellement plus attrayant.
Larsen a été naïf de croire que les médias et la masse politique voulaient aider nos frères à se sortir du haram. Le diable ne sciera jamais la branche sur laquelle il est assis. Cela fut une de mes plus grandes bêtises.
Sachez que je n’en veux à personne aujourd’hui. Je n’étais pas moi-même un modèle pour la jeunesse, moi-même prêchant les interdits et facilitant le chemin du diable. Cette épreuve m’a ouvert la porte sur deux choix :
– suivre le diable et ses suggestions et me lancer dans une guerre sans fin et inutile pour accroitre ma « street crédibilité », ce qui aurait pu avoir comme issu que je me fasse tuer ou que je sois incarcéré ;
-accepter l’épreuve d’Allah et revenir à Lui humilié en me repentant de mes pêchés et en empruntant la voie de la vérité.
J’ai fait le second choix. L’Islam m’a ouvert les yeux sur mes actes et j’ai souhaité me taire et tout arrêter. Trois années de silence qui m’ont permis de méditer sur le sens de la vie et mes dérives passées.
J’ai compris que j’avais été éprouvé par Allah, en quelque sorte, moi Larsen, le rappeur invitant aux péchés j’avais eu ce que je méritais. Qu’Allah me préserve de la passion dans laquelle je vivais.
J’ai beaucoup souffert et je souffre encore. J’ai perdu beaucoup d’amis que j’aimais énormément et à qui je pense encore très souvent. Allah m’a cependant donné en contrepartie l’amour de mes frères en Islam. J’ai perdu le succès, l’argent et ma notoriété mais j’ai gagné l’amour, la crainte, l’espoir, l’humilité envers l’Unique en droit d’être adoré.
Larsen est alors redevenu Lahcen.
J’espère avoir un jour le temps d’expliquer en détails la face cachée de mon pseudo succès mais pour le moment je ressens le besoin de me rapprocher de Celui sans qui rien ne peut exister.
Je Loue Allah de m’avoir guidé et je vous souhaite de déguster le trésor de la foi.
Je m’attends et me suis préparé aux commentaires infect de certains qui s’enorgueilliront et prétendront que Lahcen s’est caché par peur dans la religion. Qu’ils sachent que seul l’Omniscient sait ce que renferment les poitrines et je leur souhaite d’accéder à la paix intérieure qui m’habite aujourd’hui.
Je pardonne à ceux qui m’ont sali et je remercie ceux qui m’ont toujours soutenu.
A mes frères et sœurs je vous conseille de vous éloigner de la politique et des médias, de vous tourner vers la face d’Allah si vous voulez changer vos états.
Mon épreuve n’est rien par rapport aux Prophètes qui ont défendu le message de l’Unicité d’Allah. Ils furent torturés, tués pour protéger la religion de l’Islam. Mon sort n’est rien par rapport à ce qu’a subi notre Prophète bien aimé (aleyhi salat wa salam) qui fut insulté, traité de sorcier et combattu par tous les sentiers.
Je voulais par ces quelques lignes rétablir la vérité et expliquer mon silence pendant ces longues années.
Allah reste la plus savant et je l’implore pour qu’Il me pardonne, vous pardonne et qu’Il améliore notre situation et nous guide.
Lahcen Abou Mohamed (ancien rappeur Larsen)